le Kyoto Taikai


Le Kyoto Taikai (ou "grande réunion de Kyoto") est un peu au Kendo japonais ce que le festival de Cannes est aux amateurs de cinéma.

Le Kyoto Taikai se déroule chaque année début mai dans l'ancien Dojo du Butokuden  "le palais des vertus martiales", (aujourd'hui un monument historique près du temple Heian à Kyoto), fameux Dojo construit en 1899 à une époque où le Kendo et le Judo était promus comme ciment de l'unité nationale.

Un Tori à l'approche

du

Heian jingu


Le Kyoto Taikai est à présent une grande fête du Kendo japonais où, année après année, des pratiquants de tout le pays, ont la joie de se retrouver pour le Asa-geiko (entraînement du matin, et même du "petit matin" pour les occidentaux ...) et assister aux combats de démonstration des hauts gradés et maîtres.

Le nombre des participants avoisine de nos jours les 3300, tous titulaires au moins du 6e dan.


Le bâtiment du
BUTOKUDEN


Le Dojo est un bâtiment relativement petit comparé aux standards modernes des gymnases auxquels nous sommes habitués, et la construction est entièrement réalisée en bois.
Le plancher offre néanmoins la place pour deux Shiai- jo.

L'intérieur du
BUTOKUDEN


Au delà de la rangée des lourds poteaux qui entourent le plancher se trouve une sorte de couloir d'environ 5 à 6 m de large qui en fait le tour.
Ce couloir est équipé d'estrades recouvertes de Tatami qui permettent aux spectateurs de s'asseoir et aux pratiquants de se changer.
Compte tenu du nombre de personnes qui assistent ou pratiquent pendant le Kyoto Taikai et même si beaucoup de participants ne se présentent qu'un peu avant leur combat et repartent aussitôt après, l'endroit rappelle le métro parisien aux heures de pointe.

Phases d'assauts

sur les deux

Shiai-jo.


Sur l'un des côtés se trouve une alcôve richement décorée, réservée à l'Empereur. Sur une table trône un splendide bonsai.
Avant et pendant la guerre, l'empereur aimait semble-t-il venir assister à ces démonstrations.

Le Butokuden est largement ouvert vers l'extérieur, mais la seule lumière qui entre provient de petites fenêtres situées dans la partie haute au dessus des Shiai-jo.
Les jours de pluie, les quelques lampes qui pendent au dessus des Shiai-jo éclairent à peine le corridor, et il est difficile de repérer ses affaires dans la mêlée des sacs d'armure, des étuis à shinai et des vêtements qui s'entassent partout ... tout en évitant les Shinai des pratiquants qui font un léger suburi pour s'échauffer...

Le premier jour, après le traditionnel pèlerinage et les dévotions au Heian Jingu (ensemble de bâtiment d'un rouge rutilant bien connu des guides touristiques, le temple Heian jouxte le Butokuden), ont lieu les démonstrations de Kata de Kendo, de Naginata et de Jodo.

Kata de Kendo

d'école ancienne...


Puis viennent les "combats de démonstration" de Jodo, de Iaido et enfin de Kendo. Bien entendu seules les démonstrations de Kendo sont de véritables combats.
En Jodo les équipes de deux partenaires présentent des Kata, tout comme les pratiquants de Iaido qui présentent 5 Kata de leur choix.

C'est

maintenant

le tour du

Iaido ...


Pour les trois disciplines l'ordre de passage est le suivant:
   - les 6e Dan (en général une petite quarantaine),
   - les Renshi
(1) : 6e puis 7e dan,
   - les Kyoshi: 7e puis 8e dan,
   - les Hanshi: 7e dan, 8e dan, et pour finir les 9e dan (qui sont très peu nombreux).


S'agissant du Kendo, sur les trois jours que dure le Kyoto Taikai , les hauts gradés du Japon s'affrontent en un seul combat en San-bon shobu de 2 minutes et demi.
Les paires sont constituées à l'avance par l'organisateur et mettent en face des pratiquants de régions éloignées.

Du monde pour ce
combat en "Nito"...


L'objectif pour chacun des participants, est de montrer le résultat d'une année d'entraînement en deux petites minutes et demi, avec à la clef pour seule récompense le plaisir de rapporter chez soi la feuille de combat si l'on a gagné.
Un système rustique mais efficace d'annonce des combats est en effet utilisé. Les noms des deux combattants sont écrits sur une feuille du type format B3. Ces feuilles sont placées dans des cadres mobiles qui sont poussés au fur et à mesure des combats sur un rail de bois situé entre deux des poteaux de soutien. La douzaine de combats qui suivent sont ainsi affichés en permanence.

Remarquez

le système

d'affichage ...


Dès qu'un combat est terminé le cadre contenant la feuille correspondante est retiré et la feuille est donnée à celui des combattants qui a gagné. Sur la feuille, les noms sont calligraphiés en noir et les points (Kote, Men, Do, Tsuki ...) sont indiqués en rouge.


Le dernier combat de démonstration est réputé être un grand moment d'émotion, car oppose deux maîtres prestigieux.
C'est ainsi que pendant plusieurs années, feu maître Soichiro ONO, 9 ème dan Hanshi et professeur à l'Université de KOKUSHIKAN, a eu l'honneur de cloturer le Taikai avec un autre grand maître non moins connu, feu Kiyoshi NAKAKURA, 9 è dan Hanshi, surnommé le "MUSASHI de l'ère Showa".


Tout à côté du Butokuden on trouve le stand de tir à l'arc ou le Kyudo est aussi à l'honneur. Un grand gymnase moderne complète les installations.

Par vagues de
huit archers, chacun
des participants
procède à deux tirs ...

L'attente est
longue, mais
permet de
discuter avec
les amis
retrouvés ...


C'est là qu'ont lieu les passages de grade de 8è Dan et l'entraînement du matin (Asa-geiko) de 6h30 à 7h00.
Les Hanshi seulement sont en Motodachi et les queues qui se forment sont généralement très longues, surtout devant les plus connus.



Des examens de passage de grade se tiennent en marge du Kyoto Taikai , notamment les 6è et 7è dan de Kendo et les 8è Dan de Kendo et de Iaido.

Sans hâte,
les participants
s'échauffent.

Il n'y a pas de
place à l'intérieur...

Dans les jardins du Butokuden se tient dans une dizaine de tentes une sorte de foire au matériel de Kendo et de Iaido, dans la grande tradition des foires rurales.

Tente dressée
près d'une porte
d'accès au palais.
Chacun fait
ses emplettes;
ici comptant ses yens,
le Pr YOSHITAMI,
8è Dan Hanshi,
de FUKUOKA.
Le "meilleur ouvrier
du Japon",
monsieur TAKENUMA,
monte parfois
des Shinai
pour se délasser
du rude labeur
d'artisan fabricant
d'armures.

(1) - Autrefois le Kendo comptait cinq dan (de 1 à 5) et au delà, trois "titres", Renshi, Kyoshi et Hanshi, que l'on peut traduire approximativement par Instructeur, Professeur et Grand Maître.
Lors de la création du Kendo moderne il a été décidé de mettre en place une échelle unique de 1 à 10 Dan (aujourd'hui réduite de 1 à 8).
En parallèle on a donc créé les Shogo (ou titres) qui font l'objet d'un système d'examens séparés.
Les Renshi et Kyoshi sont décernés par les fédérations départementales et les conditions d'attribution varient assez d'une préfecture à l'autre.
Les Hanshi sont eux obtenus au niveau national.