Le IAIDO

-Introduction
-Histoire
-Le Seitei-Iai
-Les Koryu
- La pratique du Iaido
- L'étiquette
- Les grades et titres
- Le sabre de Iaido

Introduction

Le Iaido (prononcer iaïdo), souvent aussi appelé Iai (prononcer iaï), regroupe un ensemble de techniques d'escrime au sabre long Japonais (Katana) qui consistent à dégainer et frapper dans le même mouvement.

La première attaque est généralement portée à la hauteur de la tempe ou des yeux de l'adversaire.
Les techniques consistent en attaques, parades et contre attaques comprenant des frappes létales.
La lame est ensuite "essorée" du sang qui la macule et rengainée.

Les origines du Iaido remontent au Moyen-Age japonais à la période des guerres (Sengoku-jidai entre le XIVe et le XVIIe siècle).

La sécurité était précaire et le guerrier (Samurai ou Bushi) portait en permanence le Katana passé dans la ceinture le tranchant tourné vers le haut.

 

Les Bushi avaient remarqué que lors d'attaques imprévues (au détour d'un carrefour, à l'intérieur d'un bâtiment), c'est la rapidité avec laquelle on dégainait et on enchaînait une contre-attaque qui permettait d'acquérir un avantage fondamental dans le combat.
C'est de cette observation qu'est né le Iaido.

Histoire

La tradition veut que la première formalisation du Iaido soit due à un certain Hayashizaki Shinsuke Shigenobu né vers 1542 à Shinzaki en Dewa .

Hayashizaki aurait créé le premier style de Iaido appelé Hayashizaki-ryu, (aussi connu sous le nom de Shinmeimuso-ryu ou Jushin-ryu). Il aurait enseigné jusqu'à l'âge avancé de 70 ans.

L'un des disciples de Shinsuke, Tamiya Heibee Shigemasa aurait ensuite fondé le Tamiya-ryu , style qui eu la faveur des Shogun puisque l'un des descendants de Shigemasa, Narimasa enseigna le Iaido à Tokugawa Ieyasu.

Plus tard, à la 7è génération des Tamiya, Hasegawa Chikarasuke Hidenobu développa le Hasegawa Eishin-ryu.

Vers 1688, à la 9è génération, Omori Rokkottai Morimasa créa son propre style appelé Omori-ryu à partir du Eishin-ryu et de Kata de l'école de Kenjutsu de Sinkage-ryu en y ajoutant le Seiza de l'étiquette de Ogasahara-ryu.

Ces diverses écoles ou styles (Ryu, Ryuha) sont regroupés sous le nom d'écoles anciennes ou Koryu.

Après avoir failli disparaître après la révolution Meiji en 1868 avec l'interdiction du port du sabre (1876), le Iaido s'est développé de nouveau grâce à l'un des derniers grands enseignants de Iaido de l'époque Meiji, Nakayama Hakudo qui après avoir étudié le Eishin-ryu, créa le Musoshinden-ryu en 1933.

Le Iaido est aujourd'hui largement pratiqué au Japon et dans le monde.

Cet étonnant succès pour un art martial pouvant paraître somme toute très ésotérique est du à deux raisons principales :
- la prise de conscience par les anciens maîtres de l'époque Meiji que le Iaido disparaîtrait si les écoles jusque là très fermées ne s'ouvraient pas au public.
- la volonté des fondateurs du Kendo moderne (vers 1952) de ne pas voir le Kendo se dénaturer en sport. Afin que le pratiquant de Kendo utilise son Shinai non comme un bâton mais comme un sabre, il est en effet apparu utile de maintenir vivantes les origines du Kendo avec le maniement du Sabre nu.

 

Le Seitei-Iai

Dans un souci d'unification et afin de permettre à tout les pratiquants d'avoir une base commune, les experts de la Fédération Japonaise de Kendo (Zen-Nippon-Kendo-Renmei, ZNKR) ont développé une nouvelle école le Seitei-Iai (ou Iai ZNKR) qui comporte aujourd'hui 12 Kata inspirés de Kata de divers Koryu.

Ces Kata font l'objet d'une description détaillée dans des documents officiels de la ZNKR, et une mise à jour régulière est effectuée par une commission constituée d'experts des Koryu, qui apporte aux Kata les modifications jugées nécessaires.
Le nombre de Kata, longtemps resté à dix, est d'ailleurs passé à douze en avril 2001.

L'étude des Kata du Seitei-Iai est indispensable pour les examens de passage de grade où généralement trois des cinq Kata présentés sont choisis par le jury parmi ceux du Seitei-Iai, les deux derniers étant laissés à la discrétion des candidats dans ceux du Koryu qu'ils étudient.
En effet, à de très rares exceptions près les pratiquants de Iaido étudient un Koryu en plus du Seitei-Iai.

Les Koryu

Même si l'histoire officielle du Iaido tourne autour du Musoshinden-ryu il existe encore de nos jours un très grand nombre de Koryu.

La plupart ne rassemblent que quelques dizaines de pratiquants alors que les plus connus (Musoshinden-ryu, Eishin-ryu, Tamiya-ryu) rassemblent à eux seuls la quasi-totalité des pratiquants et présentent un certain degré d'organisation (stages enseignants, manuels, voire enregistrements vidéos).

La plupart des Koryu comptent des dizaines de Kata regroupés généralement en trois familles de difficulté croissante:
le Shoden pour les débutants,
le Chuden pour les pratiquants confirmés,
l'Okuden pour les experts.

Il ne faut toutefois pas se méprendre sur la notion de difficulté. En effet les Kata en eux mêmes ne sont généralement pas beaucoup plus compliqués, mais c'est leur réalisation qui est plus exigeante (qualité des enchaînements, du réalisme, etc.).
Autrefois la forme la plus avancée Okuden n'était d'ailleurs enseignée qu'aux meilleurs étudiants.

La pratique du Iaido

Le Iaido se pratique dans une tenue que l'on appelle Keikogi ou vêtement d'entraînement composé d'une veste et d'un pantalon ample appelé Hakama, le plus souvent de couleur noire ou blanche (le choix de la couleur dépends parfois des écoles).
Une ceinture large (Obi) est serrée à la taille sous le Hakama, dans laquelle le pratiquant passe le sabre.

L'étude à lieu dans une salle avec un plancher, appelée Dojo.
Pour les démonstrations (Enbu), la participation à des compétitions (Shiai), ou des rassemblements, les plus hauts gradés (généralement au dessus du 6è dan) revêtent la tenue traditionnelle plus formelle appelée Montsuki-Hakama qui rappelle la tenue des Bushi en ville.
Comme son nom l'indique la veste est décorée des blasons (5 Mon) de famille. D'un point de vue physique le Iaido ne requiert aucune qualité particulière et peut être pratiqué à n'importe quel âge.
Les enfants, les femmes le pratiquent.

L'espace nécessaire reste réduit et le matériel (du moins tant que l'on en reste au sabre factice) peu onéreux.

La pratique permet un bon entretien musculaire et développe la coordination physique. Le Iaido, comme de nombreux arts martiaux Japonais, possède aussi une facette morale et philosophique qui peut être abordée par ceux qui le souhaitent.

Loin de l'image du pratiquant solitaire, la ZNKR a voulu promouvoir le Iaido en inventant des compétitions.
Sous diverses formules (équipe, individuel, formules libres ou Kata imposés) il s'agit de comparer les Kata pratiqués en jugeant de la justesse et de la rigueur des mouvements.

L'étiquette

Plus que dans tous les autres arts martiaux, l'étiquette (Reigi) joue un rôle très important dans le Iaido où elle est particulièrement élaborée, tatillonne et ponctuée d'un grand nombre de marques de respect (au sabre, au Dojo, etc.).

Le sabre avait pour les Bushi un pouvoir redoutable.
C'est une arme extrêmement dangereuse qui peut tuer et à laquelle le Bushi confiait sa vie.
Il n'est donc pas surprenant que son emploi et son maniement soit entourés de marques de respect.

Ces marques de respect sont en partie inhérentes à la culture traditionnelle Japonaise. Elles viennent aussi du sabre lui-même. Son utilisation au combat peut amener au dernier échelon de la sauvagerie.
L'étiquette est un moyen de revenir à l'humanité.

C'est sans doute pour cette raison que les entraînements dans les arts martiaux Japonais et notamment dans le Kendo et le Iaido commencent et se terminent par des saluts.

Enfin le tranchant redoutable du Katana fait qu'il est aisé de se blesser en le manipulant (contrairement aux armes blanches occidentales nettement moins dangereuses pour leur propriétaire). L'étiquette est alors un moyen d'appliquer de façon automatique un certain nombre de consignes de sécurité.

Les grades et les titres

Autrefois les Koryu délivraient aux élèves un certificat de capacité (Menkyo).

Aujourd'hui deux systèmes identiques à ceux du Kendo coexistent.

- D'une part un système de grades divisés en Kyu (du dixième au premier) puis en Dan (du premier ou Sho-dan au 8è) qui sanctionne la connaissance technique des candidats:

Des durées minimum dans un grade sont exigées avant de présenter le grade suivant de sorte qu'il faut plus de 20 ans de pratique pour atteindre le 7è Dan.
Au cours d'un examen typique, les candidats (en général par groupe de 4) présentent 5 Kata (dont 3 du Seitei-Iai sont imposés et décidés le jour de l'examen) devant un Jury composé d'examinateurs dont le nombre et le grade dépendent du grade présenté.

- D'autre part les titres qui sanctionnent les qualités pédagogiques, les connaissances théoriques et la capacité à arbitrer:

Il existe trois titres qui sont dans l'ordre croissant Renshi, Kyoshi et Hanshi. Des examens sont organisés au Japon 2 fois par an.

Le sabre de Iaido

Une très grande partie de l'intérêt du Iai réside dans l'utilisation d'un Sabre (Katana) authentique.

Toutefois il s'agit d'une arme coûteuse (certaines lames anciennes sont davantage considérées comme des oeuvres d'art que comme des armes) et les débutants jusqu'à un stade assez avancé de leur pratique (jusque vers le 5e Dan) peuvent utiliser un sabre factice (Iaito ou Mogi-to).

Ceci leur permet en outre de s'entraîner sans danger ni pour eux ni pour leurs camarades.


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