Le KENDO
explications avancées

Cette page est destinée aux pratiquants de Kendo, ainsi qu'à tous ceux qui souhaitent mieux comprendre les fondements spirituels et culturels de cet art martial japonais.

Le texte est pour l'essentiel, issu de notes manuscrites de Mr FUJII, 7è dan Kendo et professeur de l'association culturelle franco-japonaise de Bordeaux, laissées lors d'un stage à Tarbes en 1988.

 



 

A - LES FONDAMENTAUX DU KENDO

1- REI ( salut respectueux)

On salue le DOJO en y entrant et en en sortant afin de témoigner à ce lieu d'entraînement précieux, sinon sacré, son remerciement et son respect parce que le DOJO est un lieu qui offre l'occasion de cultiver et l'ESPRIT et le CORPS .

De la même manière on salue:

- le SHIHAN ou SENSEI (maître)

- l'adversaire, qu'il soit SEMPAÏ (élève plus gradé), DOHAÏ (élève aussi gradé) ou KOHAÏ (élève moins gradé que soi).

en prononçant:

- au début de chaque rencontre "ONEGAÏSHIMASU" (donnez moi une leçon s'il vous plaît)

- à la fin de chaque rencontre "ARIGATOGOZAÏMASHITA" (je vous remercie infiniment).

car grâce au maître, on peut apprendre de nouvelles techniques, apercevoir ses défauts techniques ou ses faiblesses mentales, les corriger et ainsi atteindre un niveau technique et mental plus haut;

grâce aux autres élèves, on peut pratiquer et perfectionner les techniques enseignées, mesurer son propre niveau technique et mental etc...

Afin de ne pas gêner les autres et de ne pas leur manquer de RESPECT, on doit éviter de passer entre les combattants situés face à face ou devant ceux qui sont assis.

Dans le même esprit, il est hors de question:

- d'enjamber le SHINAÏ ou le BOKUTO (âme même des SAMOURAÏ !), ou bien le BOGU (armure),

- de les jeter par terre !!

En somme le fond de ces comportements propres au KENDO-KA révèle sa vision ou philosophie de la vie: CHAQUE ETRE VIVANT VOIRE CHAQUE CHOSE a sa propre vie et donc MERITE UN CERTAIN RESPECT.

2- SUTEMI (attaque franche et sérieuse)

Lorsque l'on saisit une opportunité d'attaque et porte une attaque à l'adversaire, quel que soit le niveau de ce dernier, on doit s'employer de toutes ses forces physiques et mentales comme si l'on

désirait tuer l'adversaire par ce seul coup en SACRIFIANT SA PROPRE VIE.

En revanche, un coup engagé avec peu de sérieux ou avec hésitation, ou sans conviction, ou bien en se défendant, n'a aucune valeur dans le KENDO (même s'il peut être suffisamment efficace pour marquer un point dans une compétition).

En effet, l'efficacité n'est qu'un résultat; ce qui est le plus important aux yeux du KENDO-KA, c'est SON ATTITUDE OU SON ETAT D'ESPRIT A L'EGARD DE SON ADVERSAIRE.

De plus, marquer un point ne constitue pas une fin en soi; ceci n'est d'ailleurs pas très difficile; une frappe inintentionnelle peut quelquefois amener à un point "efficace" !...Mais on s'aperçoit aisément combien il est difficile d'attaquer l'adversaire avec un véritable esprit de SUTEMI, surtout lorsque cet adversaire est moins gradé que soi.

3- KI - KEN - TAI NO ICHI

(simultanéité des forces mentales, du coup de sabre et du mouvement du corps)

le KI ou KIAÏ signifie les forces mentales permettant de mettre la décision d'attaque en action.

Le KIAI est le plus souvent concrétisé par la voie vocale, mais il ne doit pas être confondu avec le simple KAKEGOE (cri).

Néanmoins, ce n'est pas qu'en poussant un cri aigu et fort du fond du ventre (HARA) que l'on peut arriver à acquérir le KIAI.

le KEN désigne le sabre et plus précisément un coup de SHINAI ou une technique.

Le TAÏ veut dire la position et le mouvement du corps.

En somme, afin qu'un coup de SHINAÏ soit suffisamment précis, puissant et valable pour vaincre l'adversaire, il doit être donné SIMULTANEMENT avec:

- Les forces mentales qui se concrétisent en un cri aigu et fort:

"MEN", "KOTE", "DO" etc...

-Le mouvement ou déplacement du corps qui accompagne ce coup.

4-ICHI-GAN , NI-SOKU , SAN-TAN , SHI-RIKI (yeux- pieds- force mentale- technique/physique)

Il s'agit d'une des maximes du KENDO énumérant par ordre d'importance décroissante 4 fonctions indispensables à une progression technique et mentale:

- YEUX OU ESPRIT:
Dans le KENDO comme dans tous les autres arts martiaux, les techniques seules se concrétisent et de ce fait, on a tendance à attacher une importance excessive à une progression technique.

Cependant cette dernière n'est pas le but final du KENDO qui est l'entraînement de l'esprit; elle n'est qu'un simple moyen pour arriver à ce but.

En fait, le combat n'est pas une lutte entre les techniques de soi et celles d'autrui, mais plutôt un AFFRONTEMENT ENTRE L'ESPRIT DE SOI ET CELUI D'AUTRUI.

Cet esprit est le mieux reflété dans les yeux; d'où la nécessité d'accorder une priorité à leur entraînement.

en effet un "bon oeil" permet:

- d'observer l'adversaire, ses mouvements physiques et mentaux,

- de lire dans la pensée de l'adversaire et d'anticiper ses actions,

- et ainsi de saisir l'occasion d'attaquer ou de contre-attaquer, voire même de menacer l'adversaire.

Voila pourquoi la simple observation de combats est considérée dans le KENDO comme un entraînement (MITORI-GEIKO).

Lors de la démonstration d'une technique, nouvelle ou déjà "apprise", par exemple, il faudrait donc:

- diriger au moins votre regard vers le professeur,

- essayer de saisir à quel moment précis, à quelle distance, avec quelle partie du SHINAI, sur quelle partie du corps de l'adversaire, par quels mouvements et déplacements successifs, etc... le professeur porte une attaque ou contre-attaque.

- PIEDS:
Etant donné que la position et les déplacements des pieds constituent la base même de tous les mouvements du KENDO, de grands efforts doivent être consacrés pour les exécuter correctement et naturellement.

- FORCES MENTALES:
Il s'agit dans le KENDO, de vigueur, de volonté, de persévérance et de persistance permettant:

- de dominer les 4 faiblesses d'esprit appelées SHIKAÏ, à savoir:

surprise, peur, doute et perplexité;

- de porter une attaque franche et sérieuse même à un adversaire techniquement bien supérieur à soi.

- PHYSIQUE (OU TECHNIQUES):

Le physique ou les simples techniques sont d'une dernière importance. Ceci ne signifie pas toutefois que l'on puisse les négliger complètement.
Sans les techniques suffisantes, on ne peut porter aucune attaque valable. La véritable signification de la maxime précitée serait la suivante:

L'entraînement aux techniques n'a une valeur que dans la mesure où l'esprit, les mouvements naturels et les forces mentales les accompagnent.

 

5- MAII (distance physique et psychique)

D'un point de vue purement physique, le MAII ou MA signifie une distance qui sépare les 2 combattants l'un de l'autre et il est généralement réparti en 3 catégories:

- ISSOKU-IHTO NO MA:

Il s'agit d'une distance fondamentale permettant:

- d'attaquer ou de contre-attaquer l'adversaire en un pas en avant (ISSOKU) et en un coup (IHTO)
- d'éviter un coup de l'adversaire en un pas en arrière.

- TOMA:

C'est une distance éloignée et donc de sécurité:

l'adversaire ne peut vous atteindre en un seul pas en avant. Par contre, vous ne pouvez non plus toucher l'adversaire en un seul pas.

- CHIKAMA:

C'est une distance proche et donc extrêmement dangereuse:

l'adversaire peut vous attaquer sans avancer ou même si vous reculez d'un pas.

Le MAII (ou MA) n'est pas seulement une distance physique, il est également psychique:

il dépend non seulement de la constitution physique, du niveau technique et de la longueur du SHINAI des 2 combattants, mais aussi de leur état d'esprit.

D'où la raison d'être d'une leçon de KENDO, qui veut que l'on soit à une distance loin de l'adversaire mais l'adversaire près de soi-même.

6- ZANSHIN (vigilance après une attaque ou contre-attaque)

ZANSHIN signifie la conservation à tout moment de la vigilance envers l'adversaire.

Même si l'on juge l'attaque portée à l'adversaire, précise puissante et valable, on doit demeurer physiquement et mentalement prêt à lui donner immédiatement un deuxième ou troisième coup éventuel, dans le cas où le premier coup s'avérerait complètement manqué ou insuffisant, et où cet adversaire risquerait de contre-attaquer.

7- METSUKE (orientation du regard)

Les yeux, comparés à la fenêtre de l'esprit, reflètent le mieux l'état d'esprit (revoir ICHI-GAN).

On doit donc diriger son regard dans les yeux de l'adversaire sans toutefois l'y concentrer, et observer son corps tout entier de la tête aux pieds comme si l'on regardait une montagne lointaine...

Par contre, si votre regard est concentré sur la partie du corps de l'adversaire que vous allez frapper telle que "MEN" ou "KOTE", votre intention sera facilement devinée et en conséquence, votre frappe sera esquivée à temps, ou elle donnera à l'adversaire une belle occasion de contre-attaque.

8- TSUKI (occasion d'attaque ou de contre-attaque)

Voici les 5 principales occasions que l'on ne doit pas manquer pour porter une attaque ou contre-attaque à l'adversaire.

- DEBANA ou DEGASHIRA:

Il s'agit du moment précis où l'adversaire est sur le point d'attaquer.
Lorsqu'il a saisi une occasion d'attaque et mis en action une décision d'attaque, il a tendance à y absorber toute son attention et en conséquence à ne pas rester en garde efficace; il risque au contraire d'offrir à l'adversaire une opportunité d'attaque ou de contre-attaque.

- MOMENT PRECIS OU L'ADVERSAIRE S'EST DEFENDU D'UNE ATTAQUE

A ce moment là, l a tendance à se sentir en sécurité et à relâcher toute sa tension; c'est donc à ce moment précis que l'on doit lui porter une deuxième attaque avant que ce dernier ne tente une contre-attaque.

- MOMENT PRECIS OU L'ADVERSAIRE A EPUISE SES TECHNIQUES

Si l'on esquive l'une après l'autre, les attaques de l'adversaire en maintenant sa garde, sa posture et une bonne distance, ce dernier ne pouvant plus continuer ses techniques, risque de vous donner une belle occasion de contre-attaque.

- HIKIGAWA

C'est le moment précis où l'adversaire recule. En reculant, il peut difficilement esquiver ou se défendre contre une attaque.

- MOMENT PRECIS OU L'ADVERSAIRE TOMBE MOMENTANEMENT EN ARRET PHYSIQUE OU MENTAL

Cet arrêt peut être dû à la fatigue physique, à un trouble ou émoi provoqué dans son esprit etc...

Les explications fournies ci-dessus ont du vous permettre d'observer:

- D'une part que le TSUKI, comme le MAII, est d'une nature à la fois physique et psychique.

il est lié aux éléments tels que garde et posture (TSUKI physique), et aux éléments mentaux dont attention et tension (TSUKI de l'esprit).

- d'autre part que les occasions d'attaque ou de contre-attaque précitées ne sont que des TSUKI faciles, ou du moins offerts par l'adversaire.

Toutefois, le TSUKI ne se présente pas toujours: Lorsque la garde et l'esprit de l'adversaire sont puissants, voire menaçants, on sera obligé de chercher de sa propre initiative un TSUKI physique et psychique:

* soit en écartant par exemple, le SHINAI de l'adversaire(l'écartement du SHINAI , en d'autres termes, l'anéantissement momentané de la garde de l'adversaire conduira automatiquement à la provocation d'un émoi dans l'esprit de ce dernier).

* soit en provoquant un trouble quelconque dans l'esprit de l'adversaire, par exemple par approche du MAII: pénétration de TOMA (distance de sécurité) en ISSOKU-IHTO NO MA (distance propice d'attaque)

La provocation d'un trouble psychique amènera immédiatement à l'anéantissement de la garde.

9- SEN

(état d'esprit permettant de déclencher une prompte attaque ou contre-attaque avant que l'adversaire ne puisse réaliser une attaque)

Sur le plan technique, le SEN est généralement classifié par ordre de difficulté croissante en trois types:

- GO NO SEN

Il s'agit d'une contre-attaque portée à l'adversaire après s'être défendu d'une attaque de ce dernier, comme par exemple dans la technique de KOTE SURIAGE MEN: cette dernière technique consiste

- à anéantir l'attaque de l'adversaire qui visait le poignet en écartant le SHINAI de cet adversaire,

- à contre-attaquer immédiatement l'adversaire sur le front.

- SEN

Les techniques de SEN sont le mieux représentées par celles DEBANA ou DEGASHIRA (revoir TSUKI).

Lorsque l'adversaire est en train de porter une attaque sur le front, et avant même que le coup y touche, on anticipe cette attaque et frappe immédiatement le poignet de l'adversaire (MEN DEKOTE).

- SEN NO SEN

Ce dernier type de SEN signifie une attaque portée à l'adversaire avant même que ce dernier n'ait une possibilité d'attaque; il s'agit du SEN le plus difficile à atteindre, car il demande par rapport aux deux autres, une énergie physique et mentale encore plus grande qui permet:

- d'anéantir le KEN (sabre, et plus concrètement la pointe en mouvement du SHINAI), les WAZA (techniques) et le KI (forces mentales ) de l'adversaire,

- et par voie de conséquence d'empêcher ce dernier de tenter une attaque.

Nous nous apercevons à présent que toutes ces techniques de SEN sont indissociables de l'esprit du combattant;

la notion de SEN ne doit donc pas être interprétée seulement comme certaines techniques d'attaque ou de contre-attaque, mais plutôt comme état d'esprit (placidité, perspicacité, vivacité, vigueur, etc...) permettant de déclencher une prompte attaque ou contre-attaque avant que l'adversaire ne puisse réaliser une attaque.

10- KYO - JITSU (état physique et mental en déséquilibre et état physique et mental en plénitude)

- KYO

désigne l'état physique et psychique dans lequel on n'est en mesure, ni d'attaquer ni de contre-attaquer ni de se défendre, il s'agit du moment où:

- l'on perd son déséquilibre physique, ou abandonne même momentanément sa garde,
- son attention est dispersée ou trop absorbée,
- un émoi quelconque, tel que surprise, peur, doute ou perplexité se produit dans son esprit.

Il s'ensuit que l'on offre alors à l'adversaire une occasion propice d'attaque.

- JITSU

par contre, est un état d'esprit physique et mental en plénitude, permettant d'attaquer, de contre-attaquer ou de se défendre sur le champ;

en d'autres termes, on n'a ni de TSUKI physique, ni de TSUKI dans l'esprit (revoir TSUKI).

Il s'agit donc pour l'adversaire d'un moment d'attaque extrêmement dangereux, voire pratiquement impossible, même s'il a une supériorité technique.

Tout combattant a des moments de KYO et des moments de JITSU.

IL faut donc:

- savoir distinguer le KYO du JITSU de l'adversaire

- essayer de lui porter une attaque ou contre-attaque en se mettant soi-même en état de JITSU, et en profitant du moment de KYO de l'adversaire.

11- SHINSHIN - HOSHIN (esprit figé et esprit libéré)

- SHINSHIN

est un état d'esprit épris d'une pensée quelconque, d'une intention quelconque, d'un sentiment quelconque etc... :

"comment porter une attaque au MEN de mon adversaire ?", "comment me défendre d'une attaque?", "si je frappe le KOTE de mon adversaire, je crains qu'il n'esquive mon attaque et me contre-attaque au MEN ", etc...

En somme, on absorbe toute son attention dans un détail insignifiant sans pouvoir saisir l'essentiel; on perd par conséquent l'ouverture et la souplesse d'esprit, et par là même la faculté d'agir suivant l'état physique et mental de l'adversaire.

- HOSHIN

est en revanche, un état d'esprit flexible et libéré comme un oiseau vivant en liberté; esprit permettant:

- d'accorder son attention à tout mouvement physique et psychique de l'adversaire
- de porter un jugement approprié et une réaction adéquate selon les circonstances. Par exemple:

lorsque l'adversaire est en état de JITSU, on s'abstient de lui porter une attaque et tâche de chercher un signe pour briser ce JITSU, s'il tombe au contraire en état de KYO, on en profite pour attaquer sur le champ, etc...

(revoir KYO - JITSU)

Il va sans dire que l'on doit posséder l'état de HOSHIN dans l'entraînement du KENDO comme dans la vie.

12- SEICHU NO DO - DOCHU NO SEI (mouvement dans la tranquillité - tranquillité dans le mouvement)

Cette maxime peut sembler paradoxale à première vue, mais une réflexion permettra d'en saisir le véritable sens.
Même lorsque l'on reste en garde et immobile, sa tranquillité (SEI) apparente peut renfermer en réalité, la puissance de ses forces mentales (vigueur, vivacité etc...) et physiques (état de DO) à tel point que l'adversaire se sent menacé ou en danger.

Il s'agit là de SEICHU NO DO.

Par contre, même si l'on est en mouvement, son mouvement (DO) peut ne contenir aucun élément artificiel, exagéré et inutile, voire même communiquer une espèce de tranquillité ou de lucidité d'esprit (état de SEI).

Il s'agit là de DOCHU NO SEI.

La maxime précitée veut que l'on s'efforce d'atteindre ces deux états physiques et mentaux au travers d'entraînements réguliers.

 

13- MU ou MUSHIN (esprit vide ou entièrement libéré)

Littéralement traduit, MU ou MUSHIN est un esprit vide.

Cette conception ne nécessitera aucune explication pour les japonais, pratiquants du KENDO ou non, qui y reconnaissent naturellement une valeur certaine car ils sont prédisposés à accepter sans aucune résistance la négation de leurs idées, voire de leur propre existence, ainsi que le démontre l'un des proverbes japonais: "un clou qui sort doit être frappé."

Cependant, la notion de MU risque peut-être d'être interprétée une nullité intellectuelle dans la civilisation française fortement imprégnée de l'esprit cartésien, qui serait caractérisé par l'une des phrases de Descarstes lui-même: "je pense donc je suis".

En conséquence, une précision s'impose. MU est un état d'esprit dépourvu de toute pensée, de toute intention et de tout sentiment; il s'agit d'un état d'esprit dans lequel ni soi-même ni autrui n'existent, esprit entièrement libéré et qui ne laisse place à aucun préjugé tel que: "comment attaquer l'adversaire ?", "comment empêcher son attaque ?", "comment vaincre ?", etc...
Tout combattant a ou aura l'expérience d'une attaque ou contre-attaque réalisée sans aucune intention, sans aucune conscience; il ne se rappelle plus, même un instant après cette attaque ou contre-attaque exactement à quel moment et de quelle manière il l'a réalisée. Il s'agit bien là d'un esprit de MU.

Hélas!...ce n'est qu'à des occasions extrêmement rares, qu'un moment de MU survient dans l'esprit.

Il s'avère que le MU ainsi défini, est l'attaque ultime, ou plutôt idéale, à laquelle entraînement du corps et de l'esprit pourrait éventuellement amener le KENDOKA, après un passage par SUTEMI, JITSU, HOSHIN etc...(revoir 2-10-11 respectivement)

14 - CONCLUSION

Les 13 notions ou maximes fondamentales, relatives au KENDO, que nous avons exposées. (d'une manière extrêmement brève et superficielle toutefois)

REI, SUTEMI, KI-KEN-TAI NO CHI,
ICHI-GAN  NI-SOKU   SAN-TAN   SHI-RIKI,
MAII, ZANSHIN, METSUKE, TSUKI, SEN, KYO , JITSU, SHISHIN , HOSHIN,
SEICHU NO DO   DOCHU NO SEI, MU ou MUSHIN

La traduction et les explications fournies sont bien entendu, loin d'être complètes, mais l'ensemble des présentes notes n'a pas pour objet de donner des dites notions une définition parfaite. Elle n'ont qu'un but beaucoup plus modeste:

permettre au lecteur de trouver une nouvelle signification à entraînement du KENDO et y accorder une plus juste valeur.

C'est donc désormais A CHACUN D'APPROFONDIR, D'ASSIMILER ET D'ASSOCIER CES NOTIONS A SON COMPORTEMENT, AU TRAVERS D'ENTRAINEMENTS REGULIERS.

 

B - TERMINOLOGIE FONDAMENTALE DU KENDO

Pourquoi étudier la terminologie fondamentale du KENDO ? Parce qu'il est pratiquement impossible:

- de fournir la traduction précise et complète de chacun des termes qui sont étroitement liés à l'environnement spirituel et culturel dans lequel est né le KENDO.
- de consacrer une partie de notre entraînement à l'explication détaillée de certains termes du KENDO.

Prenons par exemple, le terme du KENDO exposé dans la première partie: le REI. La traduction fournie était salut respectueux. Toutefois, cette traduction est loin d'être précise. En réalité, le REI doit être interprété plutôt comme une attitude respectueuse qui se concrétise:

- tantôt avec salut:

* envers le maître et les autres élèves ("ONEGAISHIMASU", "ARIGATOGOZAIMASHITA")
* à l'égard du DOJO (en y entrant et en en sortant)

- tantôt sans salut:

* vis à vis du maître et des autres élèves (ne pas passer entre les combattants situés face à face, ou devant ceux qui sont assis)
* à l'équipement de KENDO (à ne pas enjamber, à ne pas jeter au sol etc...)

Cette traduction prolixe, ou explication est néanmoins encore insuffisante étant donnée la différence fondamentale entre les notions japonaise et française de respect.

En effet, un français moyen, pratiquant du KENDO peut accepter avec plus ou moins de difficulté, de respecter l'adversaire, et ce, quel que soit le grade de ce dernier; mais il peut lui sembler ridicule ou absurde de devoir témoigner son respect, par exemple au SHINAI qui pour lui n'est peut-être qu'un simple outil sans valeur pécuniaire, simplement destiné à l'apprentissage et au perfectionnement des techniques du KENDO.

Par contre, son homologue japonais, ne manque jamais de respect à ce même SHINAI, car il le considère comme l'unique moyen par lequel il peut transmettre à l'adversaire ses forces physiques et mentales, et auquel il peut conférer sa propre âme.

Vu sous cet angle, il devient évident qu'il vous sera désormais indispensable de retenir certains termes du KENDO dans leur langue d'origine et non dans leur traduction française.

1 - SHINAÏ:

- Vérifier à fond après chaque entraînement l'état du SHINAI, de sorte de ne pas risquer de blesser l'adversaire et de ne pas lui manquer de REI.

- Eviter d'emprunter un SHINAI à un autre KENDOKA: le sabre ne s'emprunte pas sur le champ de bataille !...

2- DATOSU: Ce sont les points d'attaque:

- SHOMEN,  MIGIMEN,  HIDARIMEN,  MIGIKOTE,  HIDARIKOTE
- MIGIDO,  HIDARIDO,  TSUKI

3- ASHI SABAKI (déplacements des pieds) Ils sont généralement répartis en 4 catégories:

- AYUMI ASHI : Le déplacement des pieds que le MOTODACHI fait, par exemple en KIRIKAESHI.
- OKURI ASHI : Le déplacement des pieds le plus fondamental et le plus fréquent en KENDO.
- HIRAKI ASHI : Le déplacement des pieds que l'on exécute, par exemple, dans la technique de OSAE KOTE.
- TSUGI ASHI : déplacement des pieds non indispensable...

4 - KAMAE (garde) Il existe 5 KAMAE dans le KENDO:

- CHUDAN NO KAMAE : Le plus fondamental et le plus fréquent.
- JODAN NO KAMAE : Garde en haut, comme dans la 1ère série de KATA
- GEDAN NO KAMAE : Garde en bas, comme dans la 3è série de KATA.
- HASSO NO KAMAE : Garde en haut côté droit, comme celle prise par l'UCHIDACHI dans la 4è série de KATA.
- WAKI KAMAE : Garde en bas côté droit, comme celle prise par le SHIDACHI dans la 4è série de KATA.

5- SUBURI

Peut être classifié en 3 catégories:

- SHOMEN UCHI, SAYOMEN UCHI (HIDARI MEN et MIGI MEN), HAYA SUBURI

6- KEIKO (entraînement)

Peut être réparti en 6 types:

- KIHON GEIKO,   KAKARI GEIKO,   JI GEIKO (ou JITU GEIKO ou SOGO GEIKO), GOKAKU GEIKO, SHIAI GEIKO, HIKITATE GEIKO

Il suffira dans un premier temps de retenir les 3 premiers types de GEIKO, ce sont ceux qui sont le plus souvent pratiqués dans les entraînements.

7- WAZA (techniques) peut être classifié en 2 groupes:

- SHIRAKE WAZA (techniques d'attaque): sont généralement réparties en 5 sous-groupes:

- KIHON WAZA : tels que MEN, DO, KOTE et TSUKI
- NI/SAN DAN NO WAZA :
   
. NIDAN NO WAZA (ou NIDAN UCHI) : tels que KOTE -> MEN
    
. SANDAN NO WAZA (ou SANDAN UCHI): tels que KOTE -> MEN -> DO
- HARAI WAZA : tels que HARAI MEN
- HIKI WAZA : tels que HIKI MEN . il s'agit de techniques que l'on pratique en reculant à partir de la position de    TSUBA ZERIAI ou de CHIKAMA.
- KATSUGI WAZA : tels que MEN KATSUGI KOTE

- OJI WAZA (techniques de contre-attaque): qui sont généralement réparties en 5 groupes:

- DEBANA (ou DEGASHIRA) WAZA : tels que DEKOTE, DEBANA MEN etc...
- NUKI WAZA : tels que MEN NUKI DO
- SURIAGE WAZA : tels que KOTE SURIAGE MEN
- KAESHI WAZA : tels que MEN KAESHI DO
- UCHIOTOSHI WAZA : tels que DO UCHIOTOSHI MEN

 

7 - PHASES DE L'ENTRAINEMENT HABITUEL

Voici le schéma du déroulement d'un entraînement classique de KENDO:

SEIRETSU --> SEIZA --> MOKUSO --> REI --> SUBURI --> ("MEN (O) TSUKE!") -->

KIRIKAESHI (ou UCHI-KAESHI) --> KIHON GEIKO (MAWARI-GEIKO par

exemple) --> KIRIKAESHI (ou UCHIKAESHI) --> ("MEN (O) TORE!") -->

SUBURI --> SEIZA --> MOKUSO --> REI

 

C - NIHON KENDO KATA

1- ORIGINE

Autrefois, chaque école de KENDO avait, en fonction de la spécificité de ses techniques et expériences, ses propres KATA , dont l'unique but était de permettre aux élèves acquérir diverses ì

techniques destinées à tuer efficacement l'ennemi sur un champ de bataille.

Toutefois, tous ces KATA avaient tendance à manquer de fondement théorique.

Dans le but d'établir un KATA qui aurait une validité "universelle" et servirait de base à l'enseignement général du KENDO, tant en pratique qu'en théorie, il fut créé en 1911 un comité composé des 25 meilleurs experts de KENDO.

Après plusieurs mois d'études et de discussions approfondies par ce comité, l fut publié en 1912 le NIHON KENDO KATA, tel qu'il est pratiqué actuellement, ou du moins à peu près, car l a été modifié partiellement depuis, à plusieurs reprises.

2- BUT

Le NIHON KENDO KATA a pour but de faciliter à travers cet exercice, l'acquisition et le perfectionnement de:

- REI : manière de se comporter dans le DOJO, à l'égard de l'adversaire, etc...

- Principes fondamentaux du KENDO:

* TAI-SABAKI : déplacement du corps
* TENO-UCHI : tenue du sabre
* METSUKE : orientation du regard
* KAMAE : gardes
* MAII : distances physique et PSYCHIQUE
* KIAI : forces mentales qui se concrétisent par un cri aigu et fort
* TSUKI : occasions d'attaque ou de contre-attaque
* Précision d'un DATOCHU : coup porté à l'adversaire
* KI-KEN-TAI NO CHI : simultanéité des forces mentales, du coup de sabre, et du mouvement du corps
* ZANSHIN : vigilance après attaque ou contre-attaque
* etc...

- KIHON WAZA (techniques d'attaque) et OJI WAZA (techniques de

contre-attaque

- Etat d'esprit contribuant à une progression technique tel que, concentration, lucidité, placidité, perspicacité, vigueur, vivacité, etc...

- KIGURAI : dignité résultant d'une confiance ou fierté de soi-même, développée par entraînement de l'esprit et du corps.

3- PRATIQUE:

Le KATA se pratique par deux partenaires, qui tiennent chacun un rôle différent.

Le rôle d' UCHIDACHI (attaquant), tenu normalement par le plus gradé, consiste à prendre l'initiative et à aider le SHIDACHI (contre-attaquant) à tenir un rôle principal avec efficacité.

L'UCHIDACHI pousse un KAKEGOE: "YAH!" lors de l'attaque, alors que le SHIDACHI pousse un "TOH!" au moment de la contre-attaque.

L'ASHI-SABAKI (déplacement des pieds) se fait toujours en SURI-ASHI (glissement des pieds), mais sans faire de bruit.

Tous les mouvements corporels et l'état d'esprit des deux partenaires doivent être maintenus en parfaite harmonie tout le long du KATA.

En tout état de cause, le KATA ne doit pas être considéré comme un simple jeu de rôles: il ne suffit pas de mémoriser et d'exécuter machinalement par ordre, les mouvements composant le KATA.

Il faut aller au-delà des mouvements et formes imposées, car l'état d'esprit des pratiquants n'est nullement imposé.

En d'autres termes, il faut pratiquer le KATA avec concentration, détermination et sérieux, et s'efforcer de faire refléter: un sens de réalité, le KIGURAI des pratiquants, et la grandeur même du KENDO.

Il est à présent clair que la pratique du KATA, ainsi défini, est d'autant plus difficile, qu'il est composé de mouvements aux formes les plus pures et les plus simples.

4- COMPOSITION:

Le KATA est composé de 10 séries.

Les 7 premières séries sont pratiquées avec le TACHI (sabre ou BOKUTO long) pour le SHIDACHI comme pour l'UCHIDACHI.

Les 3 dernières sont pratiquées avec le KODACHI (sabre ou BOKUTO court) pour le SHIDACHI, et le TACHI pour l'UCHIDACHI.

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